« Entre deux chaises » :  ​EXTRAITS

« J’étais bien casée dans mon rôle de petite femme au foyer. Pourquoi a‐t‐il fallu que j’envoie bouler tout ça ? Pour une histoire de désir qui fout le camp. Et pourtant : toutes mes semblables s’en accommodaient bien de ce modèle préhistorique … Un modèle que j’avais choisi de mon plein gré. »

« Ah, ça, ça sera utile : la perceuse. C’est lui qui avait insisté pour que ce soit la mienne et que je sache m’en servir. Merci, mon chéri. Ah, et la voiture. C’est à moi la voiture. Là aussi : insisté pour pas s’en occuper. “Pas le temps”. Merci mon chéri ! Non seulement je sais conduire et changer une roue, mais je sais aussi acheter une voiture en me posant les bonnes questions, et l’assurer comme il faut. Merci Beau‐papa et Papa. Merci, mes hommes, de m’avoir préparée à ma nouvelle vie. »

​« Quand tu sors d’une rupture, tu penses que ça va être dur, puis de mieux en mieux. Eh ben non. Les vieux disent : on fait aller ! Mais ça ne va pas du tout. Je suis en manque ! Alors je sors… Et je me force à m’intéresser aux mecs. »

« Après deux ans de traversée en solitaire, j’écoute les conseils de mon ange gardien.” T’es pas sur Meetic? mais il faut te mettre sur Meetic ! Tout de suiiiite ! ” Aussitôt dit, aussitôt fait. Voilà t’il pas qu’il me placarde sur LA plus grande place de drague mondiale. Et que j’te trouve un pseudo, que je te colle mes meilleures photos (d’y’a dix ans), et que j’te rédige à la va‐vite un profil plein d’humour, d’esprit, de sensualité et Ah ! Y’a déjà un mec qui flashe sur moi ! »

« Celui‐là fera l’affaire. C’est bizarre à admettre mais je DECIDE de tomber amoureuse. Ah bah oui, ma bonne dame. C’est fini les coups de foudre de nos 15 ans.” (…) On se fait un ciné, une balade sous la lune et, crac le baiser. Bon soyons honnête : le baiser c’est moi. A posteriori, j’ai compris que l’ado en moi avait pris le regard qui tue pour un Je t’aime alors que ce n’était qu’un On baise ? »​  (Elle fredonne I wanna be loved by you).

« C’est des trucs que tu vois dans les films : tout plaquer et partir. Dans l’absolu c’est possible. Si tu as vingt-cinq ans et la liberté. Moi à ce moment‐là j’en ai quarante-cinq, et j’ai fait deux mouflets. Mais surtout je suis une femme. Une mère, ça ne quitte pas le navire. »

Galerie YD, Rue Fleuy 6, Neuchâtel