01.12.2025 - 18h30
Parti sans laisser d’adresse
Levin Westermann & Marina Skalova
ILCF, Institut de langue et civilisation françaises

Parti sans laisser d’adresse (Unbekannt verzogen) est le premier recueil de Levin Westermann, paru en 2012 et bientôt suivi d’une demi-douzaine d’autres titres, recueils de poèmes et essais. Tous sont habités par le souci du monde et de son délitement. Les poèmes semblent traversés par un narrateur qui se prépare à sa propre disparition, écrivait un critique littéraire à sa parution. Et c’est là, face à l’imminence de la catastrophe, qu’une voix articule, presque silencieusement, ainsi que le permet le poème : « Temps de machines ; / depuis les branches, / suinte la première lueur du jour / et le vent apporte de nouveaux noms / pour trois choses, que jadis nous / nommions autrement. »
La perte, le manque sont des sensations omniprésentes, les poèmes encerclent l’absence avec une précision remarquable. Le paysage est dépeuplé, certes, mais le poète accompagné par de nombreuses voix à commencer par Sylvia Plath, Georg Oppen ou Gherasim Luca. Épuisé dans sa version originale, le recueil est heureusement publié par Cheyne dans une édition bilingue qui permet de voyager d’une langue à l’autre et d’apprécier pleinement le travail ciselé de Marina Skalova, poète elle-même. Et si l’on croit percevoir des échos rythmique et stylistiques entre leurs deux univers poétiques, c’est peut-être dans la balance du souffle qui s’inquiète de trouver comment dire au mieux la perception sensible et subjective du monde dans toute son objectivité.
Lecture bilingue, discussion en français.
Levin Westermann est né en Allemagne en 1980. Installé à Bienne, il étudie à l’Institut littéraire suisse où il compose son premier recueil de poèmes, unbekannt verzogen, (Prix Orphil 2014). Plusieurs recueils de poèmes et d’essais, et un roman, Zugunruhe ont paru depuis et ont été distingués (Prix Clemens Brentano, Prix suisse de littérature, Prix allemand du Nature Writing et le Basler Lyrikpreis 2025). La préoccupation écologique est au cœur de son œuvre.
Marina Skalova est autrice et traductrice de l’allemand et du russe. Pour Atemnot / Souffle court, elle a reçu le Prix de la Vocation en Poésie. Deux livres de poésie ont paru récemment : Le corps cille (septembre 2025) et Intiment [3e personne du pluriel], en 2024. Elle a traduit des poétesses russes, voix féministes et dissidentes, telles que Lida Youssoupova et Galina Rymbu (Prix Nelly Sachs, mention spéciale).