15.09.2025 - 18h30
Rester fidèle aux silences
Sandro Marcacci
ILCF, Institut de langue et civilisation françaises

1926 – 1953. Enceinte et dès lors obligée de se marier, bientôt jeune mère, atteinte de tuberculose et séparée de sa fille pour deux années de cure, par moments retranchée dans un monologue silencieux avec sa jumelle – le roman est celui de cette femme, des mots qu’elle nous offre, presque gênée d’avouer j’ai aimé vivre, les petites choses, j’ai si fort aimé vivre.
Mais par quels chemins rejoindre l’intimité de cette femme, lui redonner vie et parole à travers ce qui reste une fiction alors qu’elle-même disait avoir été transparente ? Rédigé sur la base d’un témoignage et dans une approche qui n’est pas sans rappeler Silences (Editions d’en bas, 2017), Sandro Marcacci propose avec Me taire (Editions d’en bas, 2025) un roman de la présence où il cède la narration à cette voix bouleversante.
« Voilà ce qu’il faudra leur dire, ce que je veux qu’ils entendent, une bonne vie, quelque chose du bonheur même si très jeune, très vite il a été question de là-bas, de monter. Là oui, j’ai été heureuse. Les gens et celles des autres lits et comme elles pouvoir souffler un peu. Il m’a fallu pour ça être malade, la maladie et le sentiment d’y être à ma place.
Vers le soir, il tombe un calme encore différent que je n’ai retrouvé nulle part. De l’orange, des rouges très froids. Il venait pour moi surtout des bleus avec dedans comme de la cendre, plus ou moins de cendre. Il faudra aussi parler de l’hiver, du gel, de toutes les couvertures. En hiver, la neige volait jusque sur les draps. »