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Dragonfly + poèmes

Performance musico poétique dans le cadre du Printemps de la poésie

Avec Lucienne Girardier Serex et Les Chemins de traverse, Barbara Minder et Matthieu Amiguet

Le vendredi 1er avril 20h30 (portes dès 20h00, bar)
Au KVO de Corcelles, rue de la Cure 2, Corcelles (NE)

Depuis l’âge le plus reculé, le temps où le temps n’existait pas, le temps des particules suspendues dans le vide sidéral, le temps de la solitude, pas même une molécule, pas encore l’eau ou le fer. Tout tendait déjà vers une seule chose : la rencontre.

Cette lecture musicale est bien le reflet d’une rencontre. D’un côté vivait Dragonfly, un projet musical composé et interprété par Barbara Minder et Matthieu Amiguet et proposant un voyage initiatique à travers les sons inouïs de flûtes traversières augmentées. De l’autre sont nés les mots que cette musique a inspirés à Lucienne Girardier Serex, ces mots qu’elle a déposés sur le papier mais surtout qu’elle lance dans la musique, les laissant s’entrelacer avec les sons des flûtes.

Les poèmes 

Alors que cette musique parle par elle-même, les mots s’insèrent par touches délicates, sens équivoque. Ne pas trop intervenir. Une cosmogonie s’impose, comme une naissance à partir du chaos. Comme la vie qui se nourrit d’un doute.

Extraits

Sur la musique de Dragon ivre :

La vie. Bouge. Pousse. Bruisse. Buissonne. Vert, surtout vert. Transparent, petit, tout petit. Naît. Nage. Nidifie. Se ramifie. Odorant, parfumé, puant.

La vie se métamorphose. Se développe. S’ouvre. S’amuse.

S’impose.

La vie voyage, elle migre. Elle regarde, à gauche, à droite, elle embrasse le monde. Elle saute. La vie s’accroche. Elle chante, elle hulule.

Elle grimpe, se balance de branche en branche, galope, caracole. Tisse de longs rubans. Invente la couleur. Profite du vent.

S’envole.

La vie naît dans le noir. La terre, l’eau, la matrice.

Noir et chaud et humide. Elle est ronde d’abord. Elle grandit. Elle gonfle. Se multiplie, se duplique. Elle évolue, se transforme.

La vie mange. Suce. Avale. Croque. Déchire.

La vie se nourrit de la mort dissoute.

La vie perce la terre, elle sort de l’eau, elle se plante dans le ciel, elle éclate de rire.

 

La vie : elle se nourrit d’un doute.

[…]

Depuis l’âge le plus reculé, quand le premier vivant rencontra la première vivante, avec leurs anneaux, leurs élytres, leur chitine, leurs yeux à facettes, leurs multiples pattes, leurs écailles brillantes, leurs ventres gluants, leurs nageoires fluides, leurs fanons immenses, leurs ailes diaphanes, leurs gorges duveteuses, leur fourrure soyeuse, leur peau chaleureuse, leurs lèvres charnues, leurs poitrines généreuses, leurs mains caressantes. Tout tendait déjà vers une seule chose : l’amour.

La musique

En bref, Dragonfly, c’est…

Deux musiciens, cinq flûtes traversières entre 70cm et 2m70, un ordinateur, une heure de musique live.

Un fil conducteur : l’illusion des sens.

Des compositions originales tirant leur inspiration aussi bien du classique ou du rock psychédélique que des musiques chamaniques ou de la musique pop.

Le fruit de huit années de recherche en lutherie augmentée.

Un logiciel original permettant de traiter en temps réel le son des instruments d’une manière littéralement inouïe.

Un voyage initiatique à écouter les yeux fermés en oubliant tout ce qui est écrit ci-dessus…

Réalité augmentée et musique

À la base de toute la démarche de Dragonfly, il y a la lutherie augmentée, qui est en quelque sorte l’application de la réalité augmentée au domaine de la musique.

La réalité augmentée, qui s’applique généralement aux aspects visuels de la réalité qui nous entoure, consiste à enrichir les informations visuelles “naturelles” qui nous entourent d’informations “synthétiques” générées en temps réel par un ordinateur. On peut ainsi chercher des Pokémon dans la rue, tester l’ameublement de son futur appartement sans se casser le dos ou obtenir des informations historiques sur un bâtiment à l’aide de lunettes spécialisées ou même d’un simple smartphone.

Appliquée à la musique, cette idée de fusion d’informations “réelles” et d’informations synthétiques donne la lutherie augmentée: on part d’un instrument acoustique et on enrichit ses possibilités sonores grâce à un traitement informatique en temps réel. On conserve ainsi toute la richesse de timbre et la finesse de contrôle d’un instrument de lutherie traditionnelle tout en ouvrant les portes d’effets sonores inédits.

Les défis techniques d’une telle approche sont nombreux et la création de Dragonfly aura nécessité le développement d’un logiciel sur mesure afin que la technique permette aux interprètes de libérer leur jeu et non de l’enfermer.

Mais au-delà de la technique, Dragonfly est également le fruit de tout un processus de composition pour développer un langage tirant le meilleur parti des possibilités techniques, novateur tout en restant accessible.